• De l'anglais "brig". Au XVIII° siècle on dit "brique".

    Navire à voiles de petit tonnage, à deux mats carrée et gréant en cacatois et bonnettes. C'est le plus petit des grands voiliers de commerce à voiles carrées sur 2 mats.

    Brick USS Niagara
    brig-uss-niagara.jpg
    Au XIX° siècle, une grande partie du cabotage de l'Atlantique et de la Méditerranée est assurée par ces puissants navires en bois jusqu'à la première Guerre mondiale.

    Un brick typique mesure environ 30m de longueur, pour une largeur de 7,30m. Malgré un faible tonnage qui dépasse rarement les 300 tonneaux, il porte une voilure imposante composée de 13 ou 14 voiles : grand foc, petit foc, faux foc sur beaupré ; misaine, petit hunier fixe, petit hunier volant, grand perroquet, grand cacatois sur le grand mat ; voile à corne appelée brigantine à l'arrière du grand mat pour équilibrer les focs. Le grand mat est déplacé vers l'arrière de la quille par rapport celui du brique à partir du XVIII° siècle. On désignait les bricks de guerre par leur nombre de canons.

    C'est sur ce type de navire ( le brick "le héron" ), que le jeune Surcouf entre en matelotage à l'age de 13 ans

    Rapide et très manœuvrant, il fut souvent utilisé par les pirates, tout comme le Brigantin. Les bricks de guerre sont rangés en plusieurs classes :

         - Brick-aviso : fin, léger, bon voilier, destiné à transmettre des ordres d'un amiral ou pour des missions urgentes. 
         - Cannonières-Brick : Destinée à l'escorte de convois.

    Pour le commerce, on a utilisé des types dérivés, dont les deux principaux sont :

         - Le brick-senau a le même gréement, mais la brigantine se hisse sur une baguette (mâtereau dressé juste derrière le grand-mât, entre la hune et le pont) de manière à ne pas gêner la manoeuvre de la grand-voile carrée. 
     
         - Le brick-goélette possède un mât de misaine gréé carré, mais le grand-mât ne porte qu'une brigantine, surmontée d'un flèche.

    Brick-goelette
     brick-goelette.jpg
    Les bricks, quel que soit leur type, établissaient des voiles d'étai entre leurs mâts

    "Hola, moussailon on largue les amarres !!!"  "Cest parti Papy !!!!"
    brig-maquette.jpg

     

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  • Un CORSAIRE de la fin XVIII° et du début le XIX° siècle.
    Contemporain de Louis XV, Louis XVI, Napoléon Ier, Louis XVIII et Charles X
    .
     

    surcouf12 décembre 1773 : naissance de Robert SURCOUF à St Malo
           - sa mère descend du célèbre corsaire DUGAY-TROUIN (1673-1736)
           - un grand-père qui était en 1750 le plus riche armateur de Saint-Malo.
           - un arrière grand-père corsaire.
     
    10 mai 1174  : Mort de Louis XV.
    11 juin 1775 : Couronnement de Louis XVI.

    3 aout 1786 :  à l'age de13 ans il s'embarque comme apprenti navigant (futur officier) sur "le Héron" (un brick qui fait du cabotage) aprés s'etre échapper du collège de DINAN, pour avoir mordu un enseignant (une maison austère tenue par des pretres). Ses parents le destinaient à devenir pretre.
     
    27 aout 1789:
    Déclaration des droits de l'homme.

    Décembre 1789:  Surcouf  est nommé  lieutenant sur le navire négrier "Aurore" en récompense du courage dont il fait preuve lors du naufrage de celui-ci.

    21 septembre 1792:  Déclaration de la république; An I de la république.

    1790 à 1792:  il participe à la traite négrière entre le Mozambique et l'Ile de France sur les navires "le courrier d'afrique" et "le navigateur"

    1793: Georges Canning, député anglais ultra conservateur, agé de 23 ans, propose d'enfermer les marins français dans des pontons à Portsmouth. Il vient d'inventer le concept concentrationnaire.
    pontons-prison.jpg

    01 mars au 31 aout 1795 : Il aurait commandé "la Créole".

    1794: Surcouf est nommé "enseigne de vaisseau" faisant fonction de commandant en second sur une frégate de la marine de guerre "La Cybelle"

    IL connaitra son baptème du feu, à 20 ans, lors du premier combat de la rivière noire à l'ile de France

    28 mai - 1 juin 1794: Défaite navale française contre la flotte anglaise au large de Brest. Charles Surcouf, son frere est capturé et conduit sur les affreux pontons de Portsmouth.

    le 3 septembre1795: Il prend le commandement de "l'Emilie" officiellement pour acheter des tortues et du maïs, mais ce navire est armé et il a sous ses ordres 30 gaillards recrutés dans les tripots, des freres de la Cote. A peine sortie de la rade il fait monter en batterie les douze canons dissimulés en soute.

    1 novembre 1795: Début du Directoire.


    février 1796
    : Depuis 3 mois un corsaire seme la terreur auprés des "indianmans". "Le pinguoin", "le Russel", "Le sambolaise", "le cartier", "la diana" etc...ont été capturé par Surcouf, en toute illégalité, il ne dispose d'aucune "lettre de marque".
    La marine de guerre anglaise le pourchasse sans succés.

    Surcouf est initié à la franc maçonnerie.

    Le 27 janvier1797, à 23 ans,
     il capture "Le Triton" navire anglais de 30 canons et 100 hommes.
    Le gouverneur de l'Ile de France enrage, car il a refusé les lettres de marque à Surcouf. Mais le Directoire approuve.

    Abordage du Triton
    Abordage du Hasard par le triton de surcouf 001
    1797: Surcouf reste à terre à ST MALO et se trouve replet et de forte corpulence.
    Mais son image terrorise toujours l'angleterre.

    Juillet 1998: Surcouf negocie sans succés la liberté de son frere auprés de Henri Swinburne, un agent anglais. L'echange ne se fera que contre un Amiral anglais, car Charles à le tort de s'apeller Surcouf.
    IL arme donc une frégate "La Clarisse" pour chasser un lord anglais digne de l'échange.

    1 aout 1798Bonaparte écrase les mamelouks devant les pyramides, mais la flotte française est décimée à ABOUKIR par Nelson .

    Le 18 aout 1998 : "La Clarisse" avec Robert Surcouf comme capitaine, Nicolas Surcouf comme second, 40 lascars et 12 canons part écumer les mers.
    Surcouf contemple ses 2 fusils "Foudroyant" et "Badin". Un cadeau de Charles, fait lors de son embarquement comme mousse.
     
    1998-1999 : "La clarisse" longe les cotes de l'Afrique à la recherche d'un amiral. Aprés avoir raté la capture d'un navire négrier il prend sans difficulté " l'Eliza ", puis " l'ely " ainsi que 2 brick portugais. Le scorbut s'installe à bord, la moitié de l'équipage est atteinte. A contre coeur Surcouf met le cap sur l'ile de France.

    La colonie de l'ile de France fete la victoire de bonaparte à SUEZ.

    La Clarisse reprend la mer. Surcouf s'empare succesivement de "l'Anna", du "Coturbok", du "Notre dame de bon succés" (portugais) et du "Rudenmark " (un navire neutre, ce qui provoquera de vives protestation) , de la "Nostra signora de la conceçao", de l"Auspicious".

    Janvier 1800 : "La Clarisse" est pourchassée sans succés par une frégate anglaise "la Sybille", commandée par le capitaine Temple.

    Le " Maship" et le " Landsdown " deux vaisseaux de la compagnie des indes sont capturés par "La Clarisse", ainsi que que "La jane" et "l'Albion".

    Janvier-avril 1800: Surcouf prend le commandement de "la confiance" et engage Louis Garneray (le futur peintre de marine) comme enseigne.
    Il capture 4 trois-mats ennemis.
    Une goelette Danoise, neutre, apparait, une chaloupe se détache et se dirige vers "la confiance". Un homme monte à bord. C'est un employé du consulat du Danemark qui espionne pour le compte de Surcouf.

    Mai 1800 : Lafrégate anglaise "La Sybille", maquiller en navire marchand tend un piege à Surcouf. Mais celui avertit, maquille "La Confiance" en navire anglais " Le Hunter ". Les deux navires se rencontrent, la ruse réussit, La confiance file toutes voiles dehors en sacrifiant quelques canons à la mer pour aller plus vite, mais une chaloupe et quelques hommes ont été sacrifié.

    9 juin 1800   : Victoire de Napoléon à Montbello.
    14 juin 1800 : Victoire de Napoléon à Marengo contre les Autrichiens

    7 octobre 1800: Surcouf entre dans la légende avec la prise du KENT.
    Avec la capture de lord Saint-John  (général et important personnage anglais) il tient enfin sa monnaie d'échange pour faire libérer son frere Charles des pontons de Portmouth.
    Lord Saint-John et Surcouf deviendrons de véritables amis. Surcouf la traité, ainsi que son épouse avec " the most human attention and politeness...."

    Abordage du Kent
    Abordage du Kent 001
    Novembre 1800: Les armateurs anglais offrent 150 000  de livres de récompense pour la capture de Surcouf.
    Le malheureux capitaine Temple, risé des pubs, est jugé en cour martiale.
    Le député anglais Canning est ruiné, il avait tout investit dans" le Kent ". Surcouf est vengé.

    20 mai 1802: Rétablissement de l'esclavage dans les colonies
    20 mai 1803: Rupture de la paix d'Amiens avec les Anglais.

    1801-1807 : Surcouf se marie et devient un armateur avisé en s'associant avec son beau-pere. Il possède plusieurs navires de course. Son frere Nicolas connait le succés aux indes, mais ses navires envoyés dans la manche sont capturé par les anglais. Seul "le Renard" en réchapera.

    1804: Bonaparte décore surcouf de la légion d'honneur

    2 décembre 1804 : Bonaparte est sacré empereur.

    21 octobre 1805: Défaite de la flotte française à Trafalgar.
    bataille-de-trafalgar.jpg

    1807 : Son frere Charles est tué au cours d'une bataille.
    Surcouf étouffe à terre et la mort de son frere le rend furieux. Il arme " Le Revenant " et terrorise l'angleterre pendant deux ans. Selon l'Asiatic annual Register, la valeur de ses prises s'élève à 7 500 000 francs.
    La prime pour sa capture de surcouf atteint désormais 250 000 francs.

    1813 :
     Retiré dans sa malouiniere de ST Malo il accroit sa fortune en investissant avec succés dans la peche, le commerce et l'immobilier.

    1814-1815:     Première restauration ( Louis XVIII )
    1815:               Les cents jours (Napoléon)
    29 mai 1825:  Sacre de Charles X à Reims.

    8 juillet 1827 : La marine est en deuil, toute la France est triste, l'Angleterre festoye et le seul anglais à regretter la mort de Robert SURCOUF est Lord Saint-John son fidèle ami, ex ennemi du Kent.

    Les possessions de Surcouf sélève à 800 hectares de terre et batiments répartis sur 15 communes situées dans 3 départements, une fortune estimée à 2 millions de francs.

    1828 : Nicolas Surcouf fete au champagne la mort de Lord Canning (l'instigateur des pontons).

    1830 : La révolution des "trois glorieuses " renverse Charles X.

    1856 : Le traité de PARIS sonne le glas pour les CORSAIRES en abolissant la guerre de course.

    Une vidéo deThecajuncutthroat, des vidéos historiques très bien faite.



     

     

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  • FREGATE, de l'italien frégata. Bâtiment à voiles de l'ancienne marine, léger et relativement peu armé, servant comme éclaireur et comme navire de croisière en station lointaine.
    La frégate est un trois-mâts carré de guerre, né en Angleterre au début du XVII° siècle, possédant un seul pont continu, sans division ni cloison, avec un gaillard d'avant court et bas, un château arrière courant presque jusqu'au milieu du pont  occupé par une énorme fosse.

    frégate française de 40 canons
    fregate-frac-40-c-001.jpg
    Navire de guerre de sixième rang, inférieur au vaisseau de ligne, mais plus rapide, mesure en moyenne 30 m de long et déplace 500 tonnes.
    Il tient admirablement la mer, se manœuvre aisément et est redoutable dans la lutte contre les corsaires et la poursuite des navires marchands ennemis.

    Armée au début de 2 batteries, puis de 6 à 12 canons, la frégate de la fin du XVII°siècle est armée de 20 grosses pièces d'artillerie. Au milieu du XVIII° siècle la frégate anglaise mesure de 36 à 40 m de longueur et est armée d'une quarantaine de canons. C'est ce type de frégate que Surcouf combat avec sa corvette
    En 1785 la flotte anglaise compte autant de frégate que de vaisseaux de ligne. A la fin du XIII° siècle la taille et l'armement vont s'accroitre de façon considérable (63m de long, 14 m de large et plus de 60 canons) La voilure va également connaitre de nombreuse évolutions (voile aurique, perroquets, cacatois etc...)

    Frégate " la Recherche " et " l'Espérance " 1827

    recherche-et-l-esperance-001.jpg
    " LA BELLE POULE"
    la frégate française de 1834, mesurait 63 m de longueur, 14m80 de large et était armée de 60 canons. Son équipage se composait de 450 hommes et de 12 officiers.

     

     

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  • COTTRE de l'anglais cutter, couper (les flots). Petit batiment à un mat, fortement voilé et rapide, à formes fines et élancées, développé au XVIII° siècle.
    Comme beaucoup d'autres voiliers, le cotre est d'origine hollandaise.
    navire corsaire
    Les cotres sont très immergés de l'arrière. Leur voilure consiste, dans la plupart des cas, en un grand mat à flèche portant une grand-voile aurique équilibrée par un foc et une trinquette.

    Ils étaient utilisés par les corsaires en particuliercomme navires de combat et armés de huit canons

    Si vous voulez vivre les aventures de Robert SURCOUF, un conseil filer toutes voiles dehors vers St Malo et passer une journée inoubliable sur " LE RENARD " le dernier cotre corsaire que Surcouf arma en 1812 (année funeste de la bérézina)

    Contact sur: http://www.cotre-corsaire-renard.com/
    renard-se.jpg
     

     

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  • Corvette de DUMONT-D'URVILLE  "L'astrolable"

    astrolabe-1.jpg
    CORVETTE
    , vient de CORVE, bateau de pêche, de l'ancien allemand KORF, du latin CORBITA.

    Petit navire de guerre à trois mats. Fin et bien voilé, intermédiaire entre la FREGATE et le BRICK, et disposant d'une seule batterie.
    Simple navire de commerce armé au XVII° siècle, la corvette devient au XVIII° un véritable petit vaisseau de ligne très semblable à la frégate qui embarque une dizaine de canons. Dans la première moitié du siècle suivant, son armement comprend entre 20 et 30 pièces d'artillerie. Si certains petits vaisseaux du XVIII° siècle sont parfois appelés corvettes, leur forme reste différente de l'élégante corvette classique souvent comparée; comme la frégate, à un lévrier des mers. Dans une escadre, la corvette sert à transmettre les ordres de l'amiral et son nom est resté pour désigner les navires annexes de la marine.

    Abordage du "NELSON" par la corvette corsaire "Bellone" en 1804
    corvette-bellone-001.jpg
    C’est sur des corvettes, la Zélée et l'Astrolabe que Dumont d'Urville découvre la terre Adélie en 1840. C'était également un type de navire trés apprécié des corsaires et de Surcouf en particulier. N'oublions pas que c'est avec la corvette "La Confiance" qu'il à pris "le KENT" en 1800.

    référence: encyclopédie des voiliers.1994.

    Corvette danoise de 30 canons en 1799

    corvette-danoise-001.jpg

     

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  • Comme je l'ai dit d'un article précédent  l'année 2010 sera consacrée aux corsaires, pirates, flibustiers et autre loups de mer plus pacifique.

    Aprés vous avoir mis dans l'ambiance avec la série d'articles consacrée à la prise du KENT par Surcouf et sa narration par Garneray, j'envisage,avant d'entrer dans le vif du sujetde vous éclairer sur :
      - Le langage en usage dans la marine ancienne ;
      - Les différents navires qui parcourent les mers.

    le tout dans le plus grand désordre, en fonction des envies et des questions.
      papy-sexy.jpg

    CE MATIN J'AI REVE D'UN ABORDAGE:
       
      - Ce matin la vigie à aperçue une frégate de premier rang bien carénéé, avec des hanches fines, une étrave arrogante, des biscayens bien plantés et qui fasseyer des fesses. Morbleu, fouiller l'arcasse et quelques aller-retour dans l'entrepont ne serais pas pour me déplaire entre deux bordées.
         - Hé papybateau ! ! !
         - Quoi encorrreee !!!!
         - T'as oublié tes pilulles !...tu ne pourras pas dresser ton étambot !!!!hi!hi!hi!...c'est fini la trinquette en balade !....c'est l'heure de mettre en panne !..

     

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  • portarit-garneray.jpgAmbroise-Louis GARNERAY
    était avant tout un coureur d'aventure, mais c'était également :
          - Un excellent marin ;
          - Un peintre de marine renommé et reconnu ;
          - Un graveur de talent ;
          - Un écrivain, précurseur des récits d'aventures maritimes.


    Né à Paris, dans le quartier latin le 9 février 1783, il est mort à Paris en 1857, à l'age de 74 ans.

    Fils de peintre connu ( peintre du roi et élève de David ) , son nom s'écrivait à l'origine avec un "e" ( Garnerey ) il l'a modifié pour ne pas etre confondu avec le reste de la famille tous peintres.

      LE MARIN  
    Avec l'appui d'un cousin capitaine de frégate, il s'engage à 13 ans comme pilotin sur sur le navire de guerre La Forte et met le cap sur l'océan indien avec la division de frégates SERCEY, à laquelle appartient son navire. Nous sommes en 1796.

    Sa carrière de marin se déroule dans l'océan indien entre l'ile de france (ile maurice) et l'ile bourbon (la réunion). Il participe à de nombreuses campagnes et connait son baptème du feu lors d'une bataille avec les vaisseaux de ligne anglais Arrogant et Victorious. Aprés avoir participé à plusieurs batailles, en 1799, il est timonier et "premier peintre du bord" sur la Preneuse. Suite à une campagne désatreuse la Preneuse qui s'échoue et démate, à proximité de l'Ile Maurice, doit se rendre aux forces britaniques. Garneray s'échappe en regagnant la cote à la nage.

    Faute de navires officiels, il s'engage sur La Confiance de Surcouf comme enseigne, d'avril à décembre 1800. Il participe à la prise du KENT et ce sera la seule occasion ou il gagnera un peu d'argent en tant que marin.
    Au départ de Surcouf, il investit ses parts de prise dans un navire négrier sur lequel il est capitaine en second.
    Pendant la paix d'Amiens, Il sert sur différents navires marchands.
    A la reprise de la guerre, il sert sur un cotre le Pinson. Il remplace le commandant décédé et fait naufrage peu après.
    Il embarque sur le corsaire Le Tigre du Bengale et enfin sur la frégate l'Atalante attachée à l'escadre LINOIS.
    En mars 1806, il est blessé et capturé sur La Belle Poule par les anglais.
    IL passera les huit années suivante dans l'enfer des pontons en rade de Plymouth, succesivement sur le Proté, la Couronne et la Vengeance. Il met  cet enfermenet à profit pour peindre, ce qui lui permet d'améliorer son ordinaire, grace aux commandes d'un marchand de tableaux britanique.

    Il conclura sa vie de marin en disant:
    "excepté la piraterie, je crois que j'ai pratiqué à peu prés tous les genres de navigation"
    NAPO-1.jpg
    "la rencontre de l'inconstant et du zéphire"

      LE PEINTRE  

    Libéré le 18 mai 1814, il ne trouve pas d'emploi dans la marine et reste à Paris ou il se consacre à la peinture.
    Grace à l'un de ses frères lui même peintre et graveur il reçoit sa première commande officielle: "la rencontre de l'inconstant et du zéphire", anecdote du retour de l'ile d’Elbe. Mais il réalisera cette toile qu'en 1834, car il juge plus opportun en cette seconde restauration de peindre une "descente des émigrés français à Quiberon" qui lui permet d'exposer au salon de Paris de 1815. Il deviendra un habitué de ce salon.
    Pris en charge par le Duc d'Angoulême et devient par concours "peintre du grand amiral de France" en 1817. Entre 1821 et 1830 il se rend dans de nombreux ports de France ou il réalise d'innombrables croquis. Il illustre la bataille de Navarin.

    En 1833, il est nommé directeur du musée d'Angoulême. Puis intègre la manufacture nationale de Sèvres. Il y développe un nouveau procédé de peinture: l'aquatinte. Dans les années 1840, sa renommée semble s'estompée. Il perd ses appuis politiques et vit modestement. Proche de Napoléon III il connait un bref retour de gloire au début du second empire: il reçoit la légion d'honneur en 1852, des mains du vice amiral et est même reçu par l'empereur.



    Son oeuvre se compose de :
        
    - 141 tableaux ;
         - 176 gravures ;
         - 22 aquarelles
    .
    dont 64 vue de ports français, 40 vue de ports étrangers.
    Une partie des  ses travaux est inspirée par sa vie aventureuse, l'autre par sa fonction de peintre officiel.
    LIVRE45-1.jpg

      L'ECRIVAIN 

    De ses aventures maritimes, il a fait des récits fougueux qui en font l’un des précurseurs du roman d’aventure maritime. Batailles, abordages, navires coulés, il décrit aussi la vie à bord que ce soit en tant que marin de la Royale ou en tant que corsaire ; mémoires également si soucieux de vérité qu'ils ne parurent au
    XIXe siècle que sous des éditions édulcorées. Ses ouvrages, dans leur version la plus authentique, comblent les attentes de tout amateur de biographies héroïques et d'histoire maritime La vie des prisonniers français sur les pontons britanniques sera aussi décrite

    Malgré quelques tentatives de publications il ne connaitra pas la célébrité en tant qu'ecrivain.

    Sa célébrité posthume viendra d'éditeurs qui, dans les années 1860, poussés par la mode des mémoures plus ou moins apocryphes des combattants de la Révolution et de l'empire, récupérèrent ses manuscrits et les publient en trois volumes sous le titre Aventures et combats, non sans une réécriture partielle.

    Ses écrits (non censurés et non réécrits) sont des témoignages irremplaçables sur la vie à bord d'une frégate, sur les combats de la compagne de Sercey, sur la vie à l'ile de France, sur les croisières de la Preneuse et de la Confiance et sur l'enfer insalubre des mortels pontons britaniques. Si sa vision des évènements est parfois un peu naive, peut-on lui reprocher d'etre à son poste sur la dunette. Après tout un pilotin de 13 ans ou un timonier de 16 ans ne sont pas censés etre dans le secret des états-majors.


    Ses aventures, écrites, réécrites, remaniées, édulcorées dans les éditions pour la jeunesse en font un précurseur du roman d'anventure maritime.

    Son oeuvre:
        
    - Corsaire de la république
         - Lieutenant de Surcouf
         - négrier de Zanzibar
         - Un corsaire au bagne. Mes pontons
    .
         - Etc....
    Editions pour la jeunesse:
        
    - Un corsaire de quinze ans
         - A l'abordage
         - Un marin de Surcouf
         - Les naufragés du saint antoine;
        - Etc...


     

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  • kent et confiance2
    - Parbleu, mes amis
    , nous dis Surcouf après ces explications, savez-vous, qu'amour propre mis à part, nous pouvons nous vanter entre nous d'avoir assez bien employé notre journée ! Il nous a fallu escalader, sous une grêle de balles, une forteresse trois fois plus haute que notre navire, et combattre chacun trois anglais et demi ! Ma fois, je trouve que nous avons bien gagné les grogs que le mousse va nous apporter !

    - Parbleu, je ne m'étonne plus à présent, Surcouf, dit en riant M. Drieux, qui avait lui-même si fort contribué à notre triomphe, si, quand nous abattions un ennemi, il s'en présentait deux pour le remplacer ; mais ce qui me surprend, c'est que toi, qui devines ce que tu ne vois pas, tu ne te sois pas douté, avant d'aborder Le Kent, à quel formidable équipage nous allions avoir affaire.

    - Laisse donc ! Je le savais on ne peut mieux...

    - Ah bah ! Et tu n'en as rien dis ?

    - A quoi cela eut-il servi ? À décourager l'équipage...pas si bête... Seulement je savais qu'une fois la besogne commencée, mes frères de la Cote ne la laisseraient pas inachevée. L'évènement a justifié mon espérance !

    Le second du Kent nous avoua ensuite avec une franchise qui lui valut toute notre estime, que le capitaine Rivington avant le commencement de l'action, avait eu la galanterie de faire avertir ses passagères que si elles voulaient assister au spectacle d'un corsaire français coulé à fond, elles n'avaient qu'à se rendre sur la dunette du Kent. Le fait est, ajouta le second, que je ne puis me rendre encore compte, messieurs, comment il peut se faire que je me trouve en ce moment votre prisonnier, et que le pavillon du Kent soit retourné sens dessus dessous en signe de défaite. Je ne comprends pas votre succès.

    - Dame ! Cela est bien simple
    , lui répondit Surcouf. J'avais engagé ma parole auprès de mon équipage qu'avant la fin du jour votre navire serait à nous ! Cela explique tout : je n'ai jamais manqué à ma parole.

    Sur le champ de bataille que nous occupions se trouvait comme spectateur un trois-mâts more
     (maure), sur lequel nous transbordâmes nos prisonniers. Toutefois Surcouf ne leur accorda la liberté que sous parole que l'on rendrait un nombre égal au leur des prisonniers français détenus à Calcutta et a Madras, et que les premiers échangés seraient l'enseigne Bléas et les matelots de l'embarcation capturée par La Sybille.

    Ces arrangements conclus et terminés, Surcouf, mu par un sentiment de grandeur et de désintéressement partagé par son équipage, laissa emporter aux Anglais, sans vouloir les visiter, toutes les caisses qu'ils déclarèrent être leur propriété et ne point appartenir à la cargaison.

    Quant au Anglais trop brièvement blessés et dont le transbordement eut pu mettre les jours en danger, ils restèrent avec leur chirurgien à bord de La Confiance ; malheureusement, l'abordage avait été si terrible, si acharné, les blessures par conséquent étaient graves et si profondes que presque pas un d'entre eux ne survécut. Ils furent tous emportés, au bout de quelques jours, au milieu de souffrances épouvantables, par le tétanos.

    Les avaries des deux navires réparées, M. Drieux passa avec soixante hommes à bord du Kent, dont il prit le commandement, et comme cet arrimage, uni à nos pertes, avait réduit nos forces de façon à nous rendre, sinon impossible, du moins dangereuse toute nouvelle rencontre, nous nous dirigeâmes, naviguant bord à bord, vers l'ile de France (ancien nom de l'ile Maurice)
     ; nous eûmes le bonheur de l'atteindre sans accident.

    Jamais je n'oublierais l'enthousiasme et les transports que causèrent notre apparition et celle de notre magnifique prise parmi les habitants du Port-Maurice.

    Notre débarquement fut un long triomphe. C'était à qui aurait l'honneur de nous serrer la main. Obtenir un mot de nous était considéré comme une grande faveur ; et quand nous consentions à accepter un diner en ville, on ne trouvait rien d'assez bon pour nous être offert.

    - Eh bien Garneray, me dit un jour Surcouf, que je rencontrai dans une réunion, t'avais-je trompé, mon garçon, en te promettant que si tu voulais associer ta fortune à la mienne tu n'aurais pas lieu de t'en repentir ! En comparant ta position actuelle à celle que tu avais lorsque Monteaudevert (Un corsaire français peu apprécié par Surcouf)
     t'a présenté à moi, n'es-tu pas millionnaire ? Crois moi, ne me quitte pas.

    - Je ne demande pas mieux, capitaine, que de m'embarquer de nouveau avec vous.

    - Oui ; eh bien ! Je dois mettre sous peu voile pour Bordeaux, ou MM. Tabbois-Dubois, les consignataires de mon armateur, veulent envoyer La Confiance, armé en aventurier, porter une riche cargaison : ainsi tiens-toi prête, qu'as-tu donc ? Cette nouvelle semble te contrarier ?

    - Ma foi à vous dire vrai, capitaine, je sens qu'à présent que j'ai gouté l'Inde, il me serait difficile de m'acclimater de nouveau en France !...Je vous accompagnerai, parce que je ne veux pas vous quitter ; mais si ce n'était pour vous...

    - Tu es un imbécile, mon cher Garneray, dit Surcouf en m'interrompant, non pas de préférer l'Inde à la France, au contraire, je t'approuve fort à cet égard ; mais bien de ce que, préférant l'Inde à la France, tu abandonnes le premier de ces deux pays pour retourner dans le second ! Et cela pourquoi ? Parce que c'est moi qui commande le navire.  Sérieusement parlant, je te remercie du sentiment d'affection que tu me portes et que, tu sais que je n'aime pas les phrases, je te rends bien, mon garçon !.. Vois-tu la vie est courte, et il faut savoir en jouir, c'est là la mission de l'homme intelligent...Tu aimes l'Inde, reste-y. Tu as de l'argent, j'en ai encore bien plus, si tu en avais besoin, à ta disposition ; intéresse-toi dans quelque affaire maritime, fixe-toi, pour le moment, dans ces parages.

    - Mais vous, capitaine, pourquoi retournez-vous en France ?

    - Oh ! Moi, garçon, c'est autre chose. Tout viveur et rond que tu me vois, j'ai un sentiment dans le cœur qui m'obsède et me harcèle sans cesse...Je vais en France pour me marier !

    En effet, le 29 janvier 1801, Surcouf, commandant La Confiance, mettait à la voile pour Bordeaux.

    Comme ces mémoires, renfermant seulement les faits dont j'ai été témoin, laissent en route, sans plus s'en occuper, des personnages auxquels le lecteur pourrait s'intéresser, mais que le hasard n'a plus placés sur mon chemin, j'ajouterai que Surcouf, après une traversée accidenté au possible, et que je regrette vivement de ne pas avoir faite, ce qui me donnerait le droit de la raconter à présent, trouva en arrivant les passes de la Gironde bloquées et parvint à débarquer la riche cargaison de La Confiance à La Rochelle, ou il mouilla le 13 avril suivant.

    Quant à son mariage avec celle qu'il aimait, mademoiselle Marie-Catherine Blaize, il eut lieu à Saint-Malo le 8 prairial an IX de la République, ou, si l'on aime mieux le 28 mai 1801. On voit que Surcouf menait aussi rondement les affaires de sentiment que celles de sa profession. Le corsaire avait alors vingt-sept ans.

    Ainsi ce termine l'affaire de la prise du KENT par Surcouf, racontait dans ses mémoires par le peintre de marine louis Garneray qui était à  l'époque des faits enseigne sur La Confiance.

    De nombreux ouvrages raconte cet épisode de la vie de Surcouf mais, à mes yeux,  aucun ne valent le témoignage de GARNERAY.

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    Ci-dessous: La première page du journal de bord de la confiance; Portrait de Surcouf et une maquette de La Confiance.
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  • bataille-pont-001.jpg
    Un immense hourra répond à ces paroles, et Surcouf est obéi : le carnage cesse aussitôt. Seulement nos matelots excités par le combat se souviennent de la promesse qui leur a été faite avant l'abordage : ils ont droit à deux heures de la part du diable ! Ils s'élancent donc dans l'entrepont, et se mettent à enfoncer et à piller les coffres et les colis qui leur tombent sous la main.

    Surcouf, qui entend les plaintes que poussent les malheureux Anglais en se voyant dépouillés de leurs effets, devine ce qui va se passer, et un nuage assombrit son front. Il est au moment de s'élancer, mais il retient.

    - La parole de Surcouf doit être toujours une chose sacrée mes amis ! nous dit-il en étouffant un soupir.

    Quelques minutes s'écoulent et le bruit continue ; seulement cette fois des cris de femmes se mêlent aux clameurs des pillards.
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    - Ah ! Mon Dieu ! J’avais oublié la plus belle partie de notre conquête, nous dit Surcouf. Allons à leur aide mes amis...


    Nous suivons aussitôt notre capitaine, et nous arrivons devant les cabines occupées par les Anglaises : ces dames, effrayées du tumulte qui s'est rapproché d'elles, demandent grâce et merci...

    Surcouf les rassure, leur présente ses respectueux hommages avec tout le savoir-vivre d'un marquis de l'ancien régime, s'excuse auprès d'elles du débraillé de sa toilette, s'inquiète de leurs besoins, et ne les quitte qu'en les voyant redevenues calmes et tranquilles. Toutefois, quoique pas un homme de notre équipage n'ait certes songé à abuser de la position de ces passagères, Surcouf place, par surcroit de précaution, des sentinelles aux portes des cabines qu'elles occupent, en leur donnant pour consigne de tirer sur le premier qui voudrait pénétrer chez les Anglaises.

    livre14.jpgParmi ces dames qui, une fois rendues à la liberté et à leurs familles, s'empressèrent de reconnaitre avec autant de bonne foi que de reconnaissance les respectueux empressements dont elles avaient fait l'objet, se trouvait une princesse allemande, la fille du magrave d'Anspach, qui suivait dans l'Inde son mari, le général Saint-John.


    Du reste, je ne dois pas oublier d'ajouter que pas un homme de notre équipage ne songea un instant à s'emparer des objets, et il y en avait de fort riches et de grande valeur, qui se trouvaient dans les cabines des passagères. Quant aux deux heures de la part du diable, Surcouf par ses simples exhortations, car il avait donné sa parole, je l'ai dit, et ne pouvait revenir sur cette promesse, trouva moyen de les réduire considérablement, presque de les annuler.

    Pendant que le chirurgien-major de La Confiance, M. Lenouel de Saint-Malo s'occupe à soigner les blessés, et que l'on s'empresse de dégager les grappins et l'ancre qui enchainent encore notre navire au bâtiment anglais, Surcouf fait venir devant lui le second du Kent pour lui demander des explications, et voici ce que nous apprenons:

    En juillet 1800, les deux vaisseaux de la compagnie anglaise des Indes The Kent et The Queen, tous deux de 1500 tonneaux et montant chacun 38 canons, transportaient plusieurs compagnies d'infanterie et différents officiers et passagers à Calcutta, lorsque, se trouvant dans la baie de San-Salvador, au Brésil, le feu se déclara à bord du Queen, qu'il consuma entièrement. Son compagnon de route, The Kent, recueillit alors à son bord deux cent cinquante marins et soldats du vaisseau incendié, ce qui porta son équipage à 437 combattants, sans compter le général Saint-John et son état-major.

    A SUIVRE, 

    ANNECDOTE : Le général Saint-John deviendra un grand ami de SURCOUF et sera meme invité aux funérailles de celui-ci en compagnie de Louis Garneray. ( mais ceci est une autre histoire...)

    tableau-c.jpg

     

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  • équipage-1Des deux bords du gaillard d'avant du Kent, nos hommes, à qui Surcouf vient de faire parvenir secrètement ses ordres, chargent à mitraille deux canons jusqu'à la gueule et les braquent sur l'arrière, en ayant soin de dissimuler le plus qu'ils peuvent cette opération, qui, si elle réussit, nous sera d'un si grand secours.

    Pendant ce temps, les soldats anglais, juchés sur leur drome et derrière le fronton de leur dunette, abattent quelques uns de nos plus intépides combattants.

    Nous devons alors envahir la drome et l'emporter d'assaut ; quelques minutes nous suffisent pour cela, et bientot nos chasseurs bourboniens, qui ont remplacé les Anglais dans ce poste élevé, nous débarrassent d'autant d'officiers qu'ils en aperçoivent et qu'ils en visent.

    - Ouvrez les rangs sur les passavants, crie bientot Surcouf d'une voix vibrante.

    Sa parole rententit encore quand les deux pièces de canon dont nous avons déjà parlé, et que nos marins sont parvenus à charger en cachette de l'ennemi et à rouler sur l'arrière, se démasquent rapidement et vomissent leur mitraille, jonchant à la fois de cadavres et de débris humains les passavants, les deux bords du gaillard d'arrière et ceux de la dunette.

    Ce désastre affreux ne fait pas perdre courage aux Anglais, et, prodige qui commence à nous déconcerter, et que je crois pouvoir pourtant expliquer, les vides de leurs rangs se remplissent comme par enchantement.

    Depuis que nous avons abordé, nous avons tous mis, terme moyen, un homme hors de combat : nous devrions donc etre, certes, maitre du Kent. Eh bien ! nous ne sommes cependant pas plus avancés qu'au premier moment, et l'équipage que nous avons devant nous reste toujours auusi nombreux.

    A chaque sillon que notre fureur trace dans les rangs ennemis, de nouveaux combattants roulent, semblables à une avalanche, du haut de la dunette du Kent et viennent remplacer leurs amis gisant inanimés sur le gaillard d'arrière ; c'est à perdre la raison d'étonnement et de fureur.

    Le combat continue toujours avec le meme acharnement ; partout l'on entend des cris de fureur, des rales de mourants ; les coups sourds de la hache, le cliquetis morne du baton, mais presque plus de détonation d'armes à feu. Nous sommes trop animés des deux cotés les uns contre les autres, pour songer à charger nos mousquets ; cela demanderait trop de temps ! Il n'y a plus guère que nos chasseurs bourboniens qui continuent à choisir froidement leurs victimes et continuent le feu.

    Tout à coup un déluge de grenades, lancées de notre grande vergue avec une merveilleuse adresse et un rare bonheur, tombe au beau milieu de la foule ennemie et renverse une vingtaine d'Anglais. C'est le gabier Avriot qui tient la parole qu'il a donné à Surcouf de venger les deux lanceurs tués sur la vergue de misaine.

    Ce nouveau désastre ne refroidit en rien, je dois l'avouer, l'ardeur de nos adversaires. Le capitaine Rivington, monté sur son banc de quart, les anime, les soutient, les dirige avec une grande habileté. Je commence, quant à moi, à douter que nous puissions jamais sortir, sinon à notre bonheur, du moins à notre avantage, de cet abordage si terrible, et ou nos forces sont si inférieures, lorsqu'un heureux événement survient qui me redonne un peu d'espoir.

    Le capitaine Rivington, atteint par un éclat de grenade qu'Avriot vient de lancer, est renversé de son banc de quart : on relève l'infortuné, on le soutient, mais il n'a plus que la force de jeter un dernier regard de douleur et d'amour sur ce pavillon anglais qu'il ne verra pas au moins tomber ; puis, sans prononcer une parole, il rend le dernier soupir.

    Surcouf, à qui ne rien n'échappe, est le premier à s'apercevoir de cet évènement ; c'est une occasion à saisir, et le rusé et intrépide Breton ne la laissera pas s'échapper.

    - Mes amis, s'écrie-t-il en bondissant, sa hache à la main, du sommet de la drome sur le pont, le capitaine anglais est tué, le navire est à nous ! A coups de hache ! maintenant, rien que des haches aux premiers rangs... En serre-file les officiers avec vos piques...Emportons le gaillard d'arrière et la dunette...c'est là qu'est la victoire.
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    Le Breton, joignant l'exemple à la parole, se jette tete baissée sur l'ennemei ; sa hache lance des éclairs et un vide se forme autour du rayon que forme son bras ; en le voyant je crois aux héros d'Homère et je comprends les exploits de Duguesclin ! le combat cesse d'etre un combat, et devient une boucherie grandiose ; nos hommes escaladent, en la grossissant des corps de quelques'uns, la barricade formée de cadavres qui sépare du gaillard d'arrière et de la dunette . La lutte a perdu son caractère humain, on se déchire, on se mord, on s'étrangle !

    Je devrais peut-etre à présent décrire quelques-uns des épisodes dont je fus alors le témoin, mais je sens que la force me manque. Les nombreuses années qui se sont écoulées depuis l'abordage du Kent, en retirant à mon sang sa fougue et sa chaleur, me montrent aujourd'hui sous un tout autre aspect que je leur trouvais alors, les évènements de mon passé.

    Je demanderais donc la permission de passer sous silence, souvenirs douloureux pour moi, les combattants qui, aux prises sur les pavois du Kent, tombent enlacés à la mer et se poignardent d'une main, tandis qu'ils nagent de l'autre ; ceux encore qui, lancés hors bord par le roulis, son broyés entre les deux navires. Je revient à Surcouf.

    Le tenace et intrépide Breton à réussit ; il s'est enfin emparé du gaillard d'arrière et de la dunette. Les Angalis épouvantés de son audace ont fini par lacher pied et se précipitent dans les écoutilles, hors du bords, dans les panneaux, sous les porte-haubans et surtout dans la dunette.

    La lutte semble terminée. Surcouf fait fermer les panneaux sur nos ennemis, lorsque le second du Kent, apprenant la mort de Rivington, abandonne la battrie, ou il se trouve, et s'élance sur pont pour prendre le commandement du navire et continuer le combat.

    Heureusement sa tentative insensée et inopportune ne peut réussir ; il trouve le pont en notre pouvoir, et il obligé de battre tout de suite en retraite ; mais il n'en est pas mpoins vrai que cette sortie a couté de nouvelles victimes !

    Cette fois, le doute ne nous est plus possible, nous sommes vainqueurs !  Pas encore. Le second du Kent, exaspéré de l'échec qu'il vient de subir, et ayant sous la main toutes les munitions en abondance, fait pointer dans la battrie, en contrebas, des canons de 18, pour défoncer le tillac du gaillard et nous ensevelir sous ses décombres.
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    Surcouf, est-ce grace au hasard ? est-ce grace à son génie ? devine cette intention. Aussitot, se mettant à la tete de ses hommes d'élite, il se précipite dans la batterie : je le suis.

    Le carnage qui a eu lieu sous le pont du vaisseau ne dure pas longtemps, mais il est horrible : cependant, dès que notre capitaine est bien assuré que cette fois la victoire ne peut plus lui échapper, il laisse pendre sa hache inerte à son poigné, et ne songe plus qu'à sauver les victimes. Il aperçoit entre autres Anglais poursuivis, un jeune midshipman, qui se défend avec plus de courage que de bonheur, car son sang coule déjà par plusieurs blessures, contre un de nos corsaires.

    Surcouf se précipite vers le jeune homme pour le couvrir de sa protection ; mais le malheureux, ne comprenant pas la généreuse intention du Breton, lui saute à la gorge, et essaie inutilement de le frapper de son poignard, lorsque le nègre Bambou, croyant que la vie de son chef est en danger, cloue d'un coup de lance l'infortuné midshipman dans les bras de Surcouf, qui reçoit son dernier soupir. L'expédition de la batterie terminée, nous remontons, Surcouf en tete, sur le pont ; le combat a cessé partout.

    - Plus de morts, plus de sang, mes amis ! s'écrie-t-il. Le Kent est à nous ! Vive la France ! vive la nation !

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     Louis Garneray, auteur du livre "compagnon de Surcouf" et du tableau ci-dessous " la prise du Kent"

     

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  • SURCOUF LIVRE- A l'abordage ! répète l'équipage avec un ensemble de bon augure et  en s'élançant avec un merveilleux élan, sur le vaisseau ennemi.

     - Quant à vous, non combattants,- continue Surcouf, chez qui la prudence et le sang-froid ne s'endorment jamais, ne bougez pas de vos places, et massacrez sans pitié toux ceux qui descendront sur le pont, qu'ils soient Anglais ou Français...peu importe...tuez-les toujours !...

    Surcouf vient à peine de donner cet ordre, qui rappelle assez Hernan Cortez brulant ses vaisseaux, quant une quatrième volée partant du Kent nous assourdit et nous couvre de flamme et de fumée ; La Confiance frémit, à cette secousse, depuis sa carène jusqu'aux sommet de ses mats ; heureusement elle est si ras sur l'eau, qu'à peine est-elle atteinte.

    - A toi maintenant, Drieux ! s'écrie bientot Surcouf en s'dressant à son second, qui commande la première escouade d'abordage.

    En ce moment, les flancs des deux navires, poussés l'un contre l'autre par la puissante dérive du Kent, se froissent, en grinçant à la lame, avec une telle violence, qu'ils menacent de s'ouvrir ou de se séparer. Notre bonne chance ne nous abandonne pas ! au meme moment une des lourdes ancres du vaisseau Anglais, qui pend sur sa joue de tribord, s'accroche dans le sabord de chasse de La Confiance, et rompt une partie de ses pavois, qui craquent et déchirent en lambeaux !

    - C'est un fameux crampons auxilliaire ! s'écrie Surcouf en se jetant dans les enfléchures pour donner l'éxemple.

    Seulement notre équipage trompé par le bruit effroyable, dans la position ou nous nous trouvons, produit par ce déchirement, se persuade que le navire s'ouvre et va couler à fond. Ne voyant plus dès lors un moyen de salut que dans la prise du Kent, son ardeur s'accroit jusqu'au délire.

    Drieux, officier aussi intépide que capable, conduit son escouade d'abordage avec autant de valeur que de présence d'esprit. Il franchit bientot l'intervalle qui sépare les deux navires, et, atteignant le gaillard d'avant, tombe impétueusement sur l'ennemi, qui, au reste, je dois l'avouer, fait bonne contenance.

    Les officiers Anglais, trahis par leurs brillants uniformes, commencent alors à tomber sous les balles infaillibles de nos chasseurs de Bourbon.

    Un officier ennemi, au milieu de cette boucherie, de ce pêle-mêle général, braque une pièce de l'avant dans la batterie, de façon à pouvoir prendre La Confiance en écharppe, et y met le feu. Quelques matelots qui passaient sur les bras et la verge de l'ancre sont mutilés ou broyés, qu'importe : on les vengera.

    Pour etre juste et impartial, ce qui sera toujours mon plus vif désir, et pour rendre a chacun sa part de gloire ou de faiblesse qui peut lui revenir, je dois reconnaitre que Drieux n'est pas le premier homme de notre bord dont le pied foule le pont du Kent. Celui à qui était réservé le bonheur de se trouver avant tous en présence de l'ennemi est un simple nègre nommé Bambou.

    Bambou avit parié ses parts de prise, avec ses camarades, qu'il serait le premier à bord du Kent, et il avait gagné sa gageure. Armé simplement d'une hache et d'un pistolet, il s'est affalé du haut de la grande vergue au beau milieu des Anglais, qui stupéfait de son audace, le laissent se frayer un sanglant passage à travers leur foule, et rejoindre, sur l'avant, l'escouade de Drieux, qu'il va seconder de ses efforts.

    Pendant que Drieux combat, Surcouf avec cette lucidité d'esprit qui embrasse jusqu'aux moindres détails d'un ensemble, surveille et dirige la bataille.

    - Allons donc, Avriot, allons donc, Guide, s'écrie-t-il, des grenades donc ! des grenades ! toujours des grenades !

    - A l'instant, capitaine, répond le gabier Guide placé dans la hune de misaine, c'est que les deux lanceurs du bout de la vergue viennent d'etre tués.

    - Eh bien ! batise les Anglais avec leur cadavres, et venge-les
    , reprend Surcouf.

    - Tout de suite, capitaine, dit le gabier Avriot.

    Quelques secondes plus trad, la chute imprévue des deux cadavres, qui tombent lourdement au milieu de la masse des ennemis, opère une éclaircie momentannée dans leurs rangs.

    - En avant, mes amis s'écrie Drieux d'une voix de stentor, profitons de cette reculade.

    La vergue de misaine de La Confiance, toujours posée près du plat-bord ennemi, et l'ancre du vaisseau, qui n'a pas quitté notre sabord de chasse, sont continuellement couvertes par nos matelots qui passent sur le Kent. Les Anglais ont beau foudroyer ce dangereux passage, quelques-uns de nos hommes tombent, mais pas un seul ne recule.

    Bientot, grace à l'adresse de nos chasseurs Bourboniens, au talent de nos batonistes, à l'enthousiasme de tout le monde, nous sommes maitres du gaillard d'avant du Kent ; mais ce point important que nous occupons ne représente que le tiers du champ de bataille : en attendant, la foule des Anglais entassés sur les passevants n'en devient que plus compacte et que plis impénatrable.

    capt corsaireEnfin le capitaine du Kent, nommé Rivington, homme de coeur et de résolution comprend qu'il est temps de combattre sérieusement les malheureux aventuriers qu'il a si fort dédaigné d'abord. IL se met donc à la tête de son équipage, qu'il dirige avec beaucoup d'habilité.

    Malheureusement pour lui, Surcouf est maintenant à son bord ; Surcouf que la mort seule peut en faire sortir. L'intrépide breton, planant, du haut du pavois du Kent, sur la scène de carnage, agit et parle en même temps : son bras frappe et sa bouche commande. Toutefois, il n'est pas, il me l'avoua plus tard, sans inquiètude : si la lutte se prolonge plus longtemps, nous finirons par perdre nos avantges : or, une barricade composée de cadavres ennemis et de ceux de nos camarades s'élève sur les passavants et nous sépare des Anglais ; cette redoute humaine arrête notre élan.
    ( a suivre... )

    Auteur: Louis Garneray "Compagon de Surcouf"

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  • SURCOU-F6.jpg
    - A plat ventre tout le monde, jusqu'à nouvel ordre !
    reprend-il après un léger silence qu'il emploie à dompter sa fureur.

    Pendant le cours de nos préparatifs et de notre conversation, le vaisseau ennemi avait viré de bord vent devant pour rallier La confiance et pouvoir ensuite la foudroyer tout à son aise ; de notre coté, nous avions exécuté la meme évolution, afin de gagner sa hanche, tomber après sous le vent à lui lancer nos grappins à son bord.

    Nos armures étaient à babord, les siennes à tribord, aussi, dans le moment ou nous le croisions pour la deuxième fois, dans le but d'atteindre cette position, il nous envoie toute sa bordée de tribord à demi-portée : un heureux hasard nous protégeait, sans doute le chance de Surcouf, car cette trombe de feu ne nous toucha meme pas.

    Alors La Confiance laisse arriver un peu pour passer sous le vent du vaisseau ; mais l'ennemi, qui comprend que cette manoeuvre n'a pas pour but que de nous faciliter l'abordage, vire encore une fois, et nous oblige, par son changement d'amures, à venir du lof sur l'autre bord, afin de le maintenir toujours sous notre écoute.

    Cependant Dieu sait que le vaisseau ne craint pas l'abordage ; il croit en toute sincérité, et sans que cette croyance soit altérée par le moindre doute, qu'il aurait à l'arme blanche facilement raison de nous. Toutefois, il préfère à un combat, qui bien que l'issue n'en soit meme pas pour lui douteuse, peut, et doit cependant lui faire éprouver quelques pertes, il préfère, dis-je, nous foudroyer et nous couler à distance, sans exposer lui-meme à aucun danger.


    Pour manoeuvrer plus commodément, il cargue meme sa grand voile. Cette manoeuvre n'est pas encore terminée, que Surcouf, avec cette perception rapide et inouie qui le distingue à un degré si éminent, et lui a déjà valu tant de prodigieux succès, pousse un cri joyeux qui attire l'attention de tout l'équipage. C'est le rugissement triomphant du lion qui s'abat victorieux sur sa proie.

    - Il est nous, mes amis ! dit-il d'une voix éclatante.

    La plupart de nos marins ne comprennent certes pas la cause de cette exclamation ; mais comme Surcouf, à leurs yeux ne peut se tromper, ils n'en accueillent pas moins cette bienheureuse nouvelle avec des cris de joie.

    Il ne nous reste plus maintenant , pour forcer l'ennemi à accepter l'abordage, qu'à nous placer sous le vent et par sa hanche de tribord. Cette position, rien ne peut nous empecher de la prendre ; seulement il nous faut la payer par une troisième volée tirée à petite portée de mousquet ; n'importe nous ne pouvons laisser échapper, sans en profiter, la faute énorme et irréparable que l'ennemi a commise en se privant de grande voile ; nous subirons cette dernière volée.

    Effectivement comme nous nous y attendions, le volcan de sa batterie fait irruption et éclate. L'orage de fer inonde notre pont et nous enlève notre petit mat de perroquet : raison de plus pour persévérer ! Il est evident que l'ennemi va etre forcé
    de venir se mettre à portée de nos grappins ; courage !

    - Qu'il s'y prenne maintenant comme il voudra, nous n'en serons pas moins bientot à son bord ! s'écrie Surcouf.

    - Arrondissez sa poupe à tribord, timoniers ! continue notre capitaine.

    - Largue les boulines et bras du vent partout !

    La Confiance, prenant vent sous sa vergue, s'élance alors sur son ennemi avec la rapidité provocante d'un oiseau de proie.

    Alors Le Kent, nous apercevons enfin le nom du vaisseau ennemi écrit en lettres d'or sur son arcasse, Le Kent, voulant nous lacher sa quatrième bordée par babord, envoie vent devant, manque à virer comme nous l'avions prévu, et décrit une longue abatée sous le vent.

    - Merci portefaix de mon coeur, s'écrie Surcouf en apostrophant ironiquement Le Kent, tu viens présenter ton flanc de toi-meme ! Vraiment, on n'est pas plus aimable et pas plus complaisant ! Canonniers ! halez dedans les canons de babords, ils généraient l'abordage. Masque partout ! Lof, lof la barre de dessous, timoniers !

    La Confiance, alors ombragée par les voiles du Kent, rase sa poupe majestueuse, se place contre sa muraille de tribord, et se cramponne après lui avec ses griffes de fer.

    Ici, il se passe un fait singulier, et qui montre, mieux que ne pourrait le faire un long discours, combien l'audace de Surcouf dépassait de toute la hauteur du génie les calculs ordinaires de la médiocrité.

    Son agression a été tellement hardie que les Anglais ne l'ont meme pas comprise : en effet, nous croyant hors de combat, par suite de la dernière bordée, et ne pouvant soupçonner que nous songeons sérieusement à l'abordage, ils se portent en masse et précipitamment sur le couronnement de leur navire, pour choisir leurs places et pouvoir jouir tout à leur aise de notre défaite et de nos malheurs.

    Que l'on juge donc quelle dut etre la stupéfaction de l'équipage du Kent quand, au lieu d'apercevoir des ennemis écrasés, abattus tendant leurs mains suppliantes et invoquant humblement des secours qu'on se propose de leur refuser, il voit des marins pleins d'enthousiasme qui, les lèvres crispées par la colère, les yeux injectés de sang s'appretent, semblables à des tigres, à se jeter sur eux...

    Ce spectacle est pour eux une chose tellement inattendue, que pendant quelques secondes les Anglais ne peuvent en croire leurs yeux. Bientot cependant l'instinct de conservation les rappelle à la réalité et ils abandonnent le couronnement du Kent, avec plus de précipitaion encore qu'ils n'en ont mis à l'envahir, pour mieux courir aux armes.

    Les deux navires bord à bord et accrochés par les grappins, nos vergues amenées presque sur le bastingage du Kent, présentent à nos combattants un pont qui les conduit sur son gaillard d'avant.

    - A l'abordage ! s'écrie Surcouf d'une voix qui ressemble à un rugissement et n'a plus rien d'humain.

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    Auteur: Louis Garneray  "compagnon de Surcouf"
    abordage

     

     

     

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  • 123.jpgOn se précipite aussitot sur les armes : chacun se munit d'une hache et d'un sabre, de pistolets et d'un poignard ; puis, une fois que les combattants ont garni leurs ceintures, ils saisissent, les uns une des espingoles chargées avec six balles, les autres des lances longues de quinze pieds : quelques matelots, passés maitres dans cet exercice, serrent énergiquement dans leurs mains calleuses un solide baton.

    Surcouf, toujours plein de prévoyance, fait distribuer aux non-combattants, qu'il range au milieu du pont, de grandes piques ; et il leur donne la consigne de frapper indistinctement sur nos hommes et sur ceux de l'ennemi, si les premiers reculent et si les seconds avancent.

    Les hunes reçoivent leur contingent de monde ; des grenades y sont plaçées en abondance, et notre commandant confie la direction de ces projectiles meurtriers aux gabiers Guide et Avriot, dont il connait l'intrépidité, l'adresse et le sang-froid. Enfin des chasseurs de Bourbon expérimentés et surs d'eux-memes, s'embusquent sur la drome et dans la chaloupe pour pouvoir tirer de là, comme s'ils étaient dans une redoute, les officiers anglais.

    Dès lors, nous sommes en mesure d'attaquer convenablement : nous faisons bonne route.

    - Savez-vous bien capitaine, dit un jeune enseigne du bord, nommé Fontenay, que tous ces cotillons juchés sur la dunette du navire ennemi ont l'air de se moquer de nous ! Regardez ! elles nous adressent des saluts ironiques, et nous font de peits signes avec la main qui peuvent se traduire par : "Bon voyage, messieurs,on va vous couler ! Tachez de vous amuser au fond de la mer ! " Oh ! que nous allons nous divertir !

    - Fanfaronnade que tout cela ! reprend Surcouf. Ne vous mettez point ainsi en colère, mon cher Fontenay, contre ces charmantes ladies...d'autant plus qu'avant une heure d'ici nous les verrons humbles et soumises, courber la tete devant notre regrad !...Alors, ma foi, il ne tiendra plus qu'à nous de leur jeter le mouchoir ; mais nous seront plus généreux et plus polis envers elles qu'elles ne le sont en ce moment pour nous !...Nous respecterons leur malheur et leur faiblesse, et nous leur montrerons ce qu'il y a de générosité et de délicatesse dans le coeur des corsaires français !...Ce que je vous dis là a l'air de vous contrarier, Fontenay !...Oui, je sais que vous etes friand d'aventures...Tant pis pour vous ; je veux et j'entends que ces femmes soient traitées avec les plus grands égards...

    - Voilà aussi des messieurs habillés de rouge, semblables à des écrevisses bouillies, dit à son tour l'enseigne Viellard, qui haussent les épaules et nous tournent le dos !...

    - Tant mieux donc, cela est de bon augure ! répond le Breton, qui semble s'amuser des insultes que nous prodiguent nos ennemis, mais qui, on le voit à l'éclair de son regard et à la mastification nerveuse de son cigare, est en proie intérieurement à une profonde colère.

    En effet, Surcouf pour tromper son impatience, passe son poignet dans l'estrope du manche de sa hache, frotte la pierre de son fusil avec son oncle, jette son gilet à la mer, et, déchirant avec ses dents les manches de sa chemise jusqu'à l'épaule, met son bras puissant et dénué d'entraves à l'air.

     

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  • STATUE-SURCOUF-1.jpgAlors Surcouf appelle l'équipage autour de lui, et, je me souviens de ce discours comme si je l'avais entendu prononcer hier, il lui parle ainsi:

    - Mes bons, mes braves amis ! vous voyez sous notre grappin, par notre travers, et voguant à contre-bord de nous, le plus beau vaisseau que Dieu ait jamais, dans sa sollicitude, mis à la disposition d'un corsaire français !... Ne pas nous en emparer, et cela vivement, tout de suite, serait méconnaitre la bonté et les intentions de la Providence et nous exposer, par la suite, à toutes ses rigueurs. Sachez-le bien, ce portefaix qui nous débine à cette heure contient un chargement d'Europe qui vaut plusieurs millions ! Il est plus fort que nous, direz-vous, j'en convient ; je vais meme plus loin, j'avoue qu'il y aura du poil à haler pour l'amariner. Oui, mais quelle joie quand, après un peu de travail, nous nous partagerons des millions ! Quel retour pour vous à l'Ile de France ! Les femmes vous accablerons de tellement d'oeillades, d'amour et d'admiration, que vous ne saurez plus à qui répondre...Et quelles bombances ! ça donne le frisson, rien que d'y penser !

    A cette perspective d'un bonheur futur si habilement évoqué, un long murmure s'éleva dans l'équipage. Surcouf reprit :

    - Prétendre, mes gars, que nous pouvons lutter avec ce lourdeau-là à coups de canon, c'est ce que je ferais pas, car je ne veux pas vous tromper ! Non ! ...nos pièces de six seraient tout à fait insuffisantes contre ses gros crache-mitraille !...
    Pas de canonnade donc, car il abuserait de cette bonté de notre part pour nous couler ! Voilà la chose en deux mots : Nous sommes cent trente hommes ici, comme eux sont aussi à peu près cent trente hommes là-bas...Bon ! Or, chacun de vous vaut un peu mieux, je pense, qu'un Anglais ! Vous riez, farceurs... Très bien !...Une fois donc à l'abordage, chacun de vous expédie son English...Rien de plus facile, n'est-ce pas, D'ou il s'ensuivra qu'au bout de cinq minutes il n'y aura plus que nous à bord. Est-ec entendu ?

    - Oui, capitaine, s'écrièrent les matelots avec enthousiasme, ça y est ! à l'abordage !...

    - Silence donc ! reprit le Breton en apaisant à grands coups de tout ce qui trouva sous sa main ce tumulte de bon augure. Laissez-moi vous expliquer mes intentions. Une fois que l'on comprend une chose, cette chose va toute seule. Or donc, nous allons rattraper le portefaix en faignant de vouloir le canonner par sa hanche du vent : alors je laisse arriver tout d'un coup, je range la poupe à l'honneur ; puis, revenant tout de suite du lof, je l'aborde par-dessous le vent... pour avoir moins haut à monter ! Quant à ses canons, c'est pas la peine de nous préoccuper de cette misère...Nous sommes trop ras sur l'eau pour les craindre...les boulets passeront par dessus nous !...A présent, sachez que d'après mes calculs, et je vous gardais cette nouvelle pour la bonne bouche, nos basses vergues descedrons à point pour établir deux points de communication entre nous et lui...Ce sera commode au possible ! une vraie promenade; c'est compris et entendu ?

    - Oui s'écria l'équipage.

    - Très bien. Vous etes de bons garçons ! Par-dessus le marché, je vous donne la part du diable pendant deux heures pour tout ce ne sera pas de la gargaison.

    A cette promesse magnifique, l'équipage ne pouvant plus modérer sa joie unie à la reconnaissance qui l'oppressait poussa une clameur immense et frénétique qui dut retentir jusqu'ai bout de l'horizon.

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    Auteur: Louis Garneray "Compagon de Surcouf"

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  • GARNERAY1
    - "Mes amis", nous dit Surcouf, dont le regard étincelle d'audace, "ce navire appartient à la Compagnie des Indes, et c'est le ciel qui l'envoie pour que nous puissions prendre sur une revanche de la chasse que nous a donné hier LA SYBILLE ! (1) Ce vaisseau, c'est moi qui vous le dis, et je ne vous ai jamais trompés, ne peut nous échapper !...Bientot il sera à nous: croyez-en ma parole ! Cependant comme la certitude du succès ne doit pas nous faire méconnaitre la prudence, nous allons commencer d'abord  par tacher de savoir si tous ses canons sont vrais ou faux".

    Le brave rusé Breton fait alors diminuer de voiles pour se placer au vent, par son travers, à porté de 18. A peine cette manoeuvre est-elle opérée, qu'un insolent et brutal boulet part du bord de l'ennemi pour assurer ses couleurs anglaises. A cette sommation d'avoir à montrer notre nationalité, un silence profond s'établit sur LA CONFIANCE.

    -" Imbécile" s'écrie Surcouf en haussant les épaules d'un air de pitié et de mépris.

    Apostrophant alors l'ennemi comme s'il eut été un adversaire en chair et en os, notre capitaine se met à débiter, avec entrain et une verve qui fasait bouillir d'enthousiasme le sang de l'équipage dans ses veines, un discours, en argot maritime, qui est resté comme le chef d'oeuvre du genre.

    Surcouf parlait encore, lorsque l'Anglais, irrité de notre lenteur à obéir à ses ordres, nous envoya toute sa bordée.

    - "A la bonne heure donc !" s'écrie notre sublime Breton radieux ;" voila qui s'appelle parler franchement. A présent, mes amis, assez caussé. Soyons tout à notreffaire."

    Alors aprés trois solennels coups de sifflet de rigueur, le maitre d'équipage Gilbert commande:

    - "Chacun à son poste de combat !"

    Et le silence s'établit partout.

    La bordée de l'Anglais nous avait, est-ce la peine de le dire, parfaitement prouvé que les trente-huit canons qui allongeaient leurs gueules menaçantes par ses sabords étaient on ne peut plus véritables et ne cachaient aucune supercherie.

    Une chose qui nous surprit au dernier point et nous intrigua vivement fut d'apercevoir sur le pont du vaisseau ennemi un gracieux état-major de charmantes femmes vétues avec beaucoup d'élégance et nous regardant, tranquillement abritées sous leurs ombrelles, comme si nous n'étions pour elles qu'un simple objet de curiosité !

    Ce vaisseau, malgré les couleurs qui flottaient à son mat, appartenait-il donc à la riche compagnie danoise ? Car le Danemark étant alors en paix avec le monde entier, et protégé par l'Angleterre, à qui il rendait en sous-main tous les services imaginables, ses navires parcouraient librement toutes les mers, surtout celles de l'Inde. Mais alors pourquoi nous avoir envoyé sa bordée ? probablement parce que, beaucoup plus fort que nous, et nous considérant comme étant en sa puissance, il tenait à rendre un service à l'Angleterre son amie. Cela pouvait etre.

    D'un autre coté, nous nous demandions si ce n'était pas par hasard un vaisseau trompeur ? Mais non, cela n'est pas probabale, car alors, au lieu de faire parade du nombreux équipage qui encombre son pont, il l'aurait en ce cas dissimulé avec le plus grand soin.

    - " Ah !" nous dit Surcouf, qui partage lui-meme nos incertitudes, "je croyais ce John-Bull un East-Indiaman..." Voici à présent de nombreux officiers de l'armée de terre qui se montrent sur le pont, et rendent cette supposition invraisemblable..."Enfin, n'importe", reprend le Breton aprés un moment de silence en broyant, sans sans douter, son cigare entre ses dents, "qu'il soit ce qu'il voudra peu importe ! l'essentiel, pour le moment, c'est de nous en emparer ! Ainsi donc, hissons le pavillon français en l'assurant d'un coup de canon."
    Cet ordre, qui rend le combat inévitable, est exécuté.

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    Auteur: Louis Garneray "Compagnon de Surcouf"
     

    LIVRE-DE-COURSE.jpgSur le livre de bord de la confiance ci-dessus on peut lire qu'à l'origine la confiance était dotée de 24 canons et de 250 hommes.

    (1) La veille il avait échappé de peut à la frégate anglaise la sybille en jetant la plupart des ses canons à la mer. sur 18 canons il ne lui en restait que 6.
     

     

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  •  "Tout le monde sur le pont,"
      

    hèle Surcouf du haut des barres, ou il s'est élancé de nouveau, "toutes voiles dehors !"

    Puis aprés un silence de quelques secondes:

    - "Du café, du rhum, du bishop. Faites rafraichir l'équipage ! Branle-bas général de combat !" ajouta-t-il ! d'une voie éclatante.

    - "Branle-bas !" répète en choeur l'équipage avec un enthousiasme indescriptible.

    Au commandement de Surcouf, le bastingage s'encombre de sacs et de hamacs, destinés à amortir la mitraille; les coffres d'armes sont ouverts, les fanaux sourds éclairent de lugubres rayons les soutes aux poudres; les non-combattants, c'est à dire les interprètes, les médecins, les commissaires aux vivres, les domestiques etc... se préparent à descendre pour approvisionner le tillac de poudre et de boulets, et à recevoir les blessés; le chirurgien découvre, affreux cauchemar du marin, les instruments d'acier poli; les panneaux se ferment, les garde-feu, remplis de gargousses arrivent à leurs pieces; les écouvillons et les refouloirs se rangent aux pieds des servants, les bailles de combat s'emplissent d'eau, les boutefeux fument enfin, toutes les chiques sont renouvelées, chacun à son poste de combat.

    Ces préparatifs terminés, on déjeune. Les rafraichissements accordés par Surcouf font merveilles, c'est à qui placera un bon mot, la plus vive gaieté règne à bord; seulement cette gaieté a quelque chose de nerveux et de fébrile, on y sent l'excitation du combat !

    Cependant le vaisseau ennemi, du moins on a mille raisons pour le présumer tel, grandit à vue d'oeil et montre bientot sa carène. On connait alors sa force apparente, et la Confiance courant à contre-bord l'approche bravement sous un nuage de voiles.

    A dix heures, ses batteries sont parfaitement distinctes; elles forment deux ceintures de fer parallèles de trente huit canaons ! Vingt-six sont en batteries, douze sur son pont !...C'est à faire frémir les plus braves ! Une demi-lieue nous sépare à peine du vaisseau ennemi.


    Auteur: Louis Garneray "Compagnon de Surcouf"

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     Maquette de la Confiance la confiance

     

     

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  • surcouf

    Oh ! d'en bas ! navire en vue !

     
     Avant de vous conter l'histoire de la prise du KENT par Surcouf, j'ai longuement hésité entre faire une synthèse de plus, avec le risque de travestir une fois de plus la réalité, ou retranscrire mot pour mot le témoignage occulaire du peintre Louis de GARNERAY. Ayant lu tout et son contraire dans de nombreuses revues et articles je suis arrivée à la conclusion que seul ce témoignage intégrale retablira la vérité.

    7 octobre 1800,

    - Oh !  d'en bas !  oh !
    - "Hola !  répondit le contremaitre du gaillard d'avant en dirigeant tout de suite son regard vers les barres du petit perroquet".
    - Navire !  crie de nouveau la vigie.
    - Ou ?
    - Sous le vent à nous, par le bossoir de babord, quasi sous le soleil !
    - Ou gouverne-t-il ?...reprit le contremaitre.
    - Au nord !
    - Est-il gros ? Regarde bien avant de répondre.
    - Trés gros !
    - Eh bien, tant mieux ! dire les hommes d'équipage. Les parts de prise seront plus fortes.

    L'officier de quart, qui, l'oeil et l'oreille au guet, écoutait attentivement ce dialogue, se disposait à faire avertir notre capitaine alors retiré dans sa cabine, lorsque Surcouf, l'ennemi juré de toute formalité et de tout décorum, apparut sur le pont. Surcouf, qui voyait, savait et entendait tout ce qui se passait à bord de la Confiance, s'élança, sa lunette en bandouillère et sans entrer dans aucune explication, sur les barres du petit perroquet. Une fois rendu à son poste d'observation et bien en selle sur les traversins, il braqua sa longue vue sur l'horizon. L'attention de l'équipage, excité par la cupidité, se partagea entre la voile en vue et Surcouf.

    - Laissez arriver ! mettez le cap dessus ! s'écrie bientot ce dernier en passant sa longue vue à M. Drieux.

    Un charivari infernal suit cet ordre; la moitié de l'équipage, qui repose en ce moment dans l'entrepont, se réveille en sursaut, s'habille à la hate sans trop tenir compte de la décence, et envahit précipitamment les panneaux pour satisafire sa curiosité; en un clin d'oeil, le pont du navire se couvre de monde: on s'interroge, on se bouscule, on se presse en montant au gréement, chacun veut voir !

    Surcouf réunit alors son état-major autour de lui et nous interroge sur nos observations. Ce conseil improvisé ne sert pas à grand chose. Chacun, officier, maitre, matelot, donne tumultueusement son avis; mais cet avis est en tout point conforme à celui de notre commandant: cest-à-dire que le navire en vue est à dunette, qu'il est long, bien élevé sur l'eau, bien espacé de mature; en un mot, que c'est un vaisseau de guerre de la Compagnie des Indes
    , qui se rend de Londres au Bengale et qui, en ce moment, court babord amure et serre le vent pour nous accoster toutes voiles possibles. A présent, ce navire doit-il nous faire monter à l'apogée de la fortune, ou nous jeter, cadavres vivants, sur un affreux ponton ?  C'est là un secret que Dieu seul connait ! N'importe, on risquera la captivité pour acquérir de l'or ! L'or est une si belle chose, quant on sait, comme nous, le dépenser follement.

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    kent et confiance

    Auteur: Louis Garneray "Compagnon de Surcouf"

     

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  • Cette peinture qui représente l'abordage du" KENT" par le navire de Surcouf "LA CONFIANCE" a été réalisé en 1850 par le peintre de marine

    Louis GARNERAY  

    Saviez vous que ce peintre, se trouvait au coté de SURCOUF et a assisté en direct à l'abordage et fort probablement  participé à la prise du KENT.

    Cet exploit est relaté dans les memoires du peintre sera l'objet de mon prochain article.
    LE KENT trés gros navire anglais de 38 canons et 437 hommes (dont les compagnies d'infanterie du KENT et du QUEEN réunies).
    LA CONFIANCE petit navire français de 6 canons (18 canons en dotation, mais uniquement 6 canons le jours de l'attaque du KENT) et de 190 hommes.

    Cliquez sur l'image pour découvrir la vie Louis GARNERAY

    prise-du-kent.jpg
    En bas et à gauche sur le tableau on peut apercevoir le trois mats MORE qui à assister à la bataille en spectateur impuissant.


     

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