• EPISODE 5: On se précipite sur les armes....

    123.jpgOn se précipite aussitot sur les armes : chacun se munit d'une hache et d'un sabre, de pistolets et d'un poignard ; puis, une fois que les combattants ont garni leurs ceintures, ils saisissent, les uns une des espingoles chargées avec six balles, les autres des lances longues de quinze pieds : quelques matelots, passés maitres dans cet exercice, serrent énergiquement dans leurs mains calleuses un solide baton.

    Surcouf, toujours plein de prévoyance, fait distribuer aux non-combattants, qu'il range au milieu du pont, de grandes piques ; et il leur donne la consigne de frapper indistinctement sur nos hommes et sur ceux de l'ennemi, si les premiers reculent et si les seconds avancent.

    Les hunes reçoivent leur contingent de monde ; des grenades y sont plaçées en abondance, et notre commandant confie la direction de ces projectiles meurtriers aux gabiers Guide et Avriot, dont il connait l'intrépidité, l'adresse et le sang-froid. Enfin des chasseurs de Bourbon expérimentés et surs d'eux-memes, s'embusquent sur la drome et dans la chaloupe pour pouvoir tirer de là, comme s'ils étaient dans une redoute, les officiers anglais.

    Dès lors, nous sommes en mesure d'attaquer convenablement : nous faisons bonne route.

    - Savez-vous bien capitaine, dit un jeune enseigne du bord, nommé Fontenay, que tous ces cotillons juchés sur la dunette du navire ennemi ont l'air de se moquer de nous ! Regardez ! elles nous adressent des saluts ironiques, et nous font de peits signes avec la main qui peuvent se traduire par : "Bon voyage, messieurs,on va vous couler ! Tachez de vous amuser au fond de la mer ! " Oh ! que nous allons nous divertir !

    - Fanfaronnade que tout cela ! reprend Surcouf. Ne vous mettez point ainsi en colère, mon cher Fontenay, contre ces charmantes ladies...d'autant plus qu'avant une heure d'ici nous les verrons humbles et soumises, courber la tete devant notre regrad !...Alors, ma foi, il ne tiendra plus qu'à nous de leur jeter le mouchoir ; mais nous seront plus généreux et plus polis envers elles qu'elles ne le sont en ce moment pour nous !...Nous respecterons leur malheur et leur faiblesse, et nous leur montrerons ce qu'il y a de générosité et de délicatesse dans le coeur des corsaires français !...Ce que je vous dis là a l'air de vous contrarier, Fontenay !...Oui, je sais que vous etes friand d'aventures...Tant pis pour vous ; je veux et j'entends que ces femmes soient traitées avec les plus grands égards...

    - Voilà aussi des messieurs habillés de rouge, semblables à des écrevisses bouillies, dit à son tour l'enseigne Viellard, qui haussent les épaules et nous tournent le dos !...

    - Tant mieux donc, cela est de bon augure ! répond le Breton, qui semble s'amuser des insultes que nous prodiguent nos ennemis, mais qui, on le voit à l'éclair de son regard et à la mastification nerveuse de son cigare, est en proie intérieurement à une profonde colère.

    En effet, Surcouf pour tromper son impatience, passe son poignet dans l'estrope du manche de sa hache, frotte la pierre de son fusil avec son oncle, jette son gilet à la mer, et, déchirant avec ses dents les manches de sa chemise jusqu'à l'épaule, met son bras puissant et dénué d'entraves à l'air.

     

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    Auteur: Louis Garneray "Compagon de Surcouf"

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  • Commentaires

    1
    Lundi 15 Février 2010 à 12:00
    crois moi il m'est plus favcile de lutter contre le froid de notre hiver que contre la canicule dans ma ville où on étouffe...la glace sur mon balcon est en train de fondre...chez mon amie les crocus montre le bout de leur nez...qui sait c'est peut-être la fin du froid...amitiés
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